En 2023, le Brésil a fait tomber la France du podium des bourses mondiales, tandis que l’Inde s’est glissée sans bruit dans le top 5 des grandes places financières. Pourtant, derrière ces chiffres spectaculaires, une réalité plus nuancée se dessine : la volatilité reste le lot quotidien de nombreux marchés émergents, mais leur croissance du PIB dépasse parfois de trois longueurs celle des économies dites matures. En parallèle, les investisseurs étrangers n’ont pas attendu : +15 % de flux en un an, avec une réorientation massive vers l’Asie du Sud-Est et l’Afrique subsaharienne, loin des sentiers battus.
Jamais depuis une décennie l’écart n’a été aussi large entre la valorisation des marchés émergents et leur potentiel de croissance. Les stratégies d’investissement évoluent : la gestion passive, portée par les ETF, s’impose comme une alternative de poids face à la gestion active, bouleversant les habitudes des investisseurs.
Pourquoi les marchés émergents suscitent un regain d’intérêt chez les investisseurs
Sur les marchés émergents, la lumière revient. Au moment où les économies développées s’essoufflent, les perspectives offertes ailleurs font frémir les plus prudents. Les pays développés sont freinés par des politiques monétaires plus serrées et une demande sous tension. Pendant ce temps, la croissance s’accélère sur les places boursières des économies émergentes. Les analyses récentes révèlent un écart inédit de croissance du PIB, digne de l’après-2008.
Depuis le repli du dollar américain en 2023, les monnaies locales ont repris des couleurs. Résultat : un afflux de capitaux venu de l’international, des prix d’entrée plus abordables et une fenêtre d’opportunités pour ceux qui veulent diversifier leurs actifs.
À cela s’ajoute la réactivité des banques centrales, qui souvent ajustent leurs taux d’intérêt avec une rapidité qui laisse les institutions occidentales sur le bord de la route. Leur objectif : contenir l’inflation, calmer la volatilité, restaurer la confiance. Évidemment, l’instabilité politique plane toujours en embuscade. Malgré tout, la jeunesse des populations et la course à la modernisation dynamisent les marchés boursiers, soutenus par une urbanisation galopante et un appétit grandissant pour l’investissement international.
Pour résumer, trois forces tirent aujourd’hui ces marchés :
- Une croissance du PIB environ trois fois plus rapide que celle des pays du G7
- Une volatilité mise sous contrôle grâce à des politiques monétaires réactives et une diversification sectorielle
- Un contexte monétaire marqué par la baisse du dollar américain, encouragent les flux de capitaux
Quels pays se démarquent réellement par leur potentiel de croissance ?
Sur la planète émergente, certains pays prennent clairement la tête du mouvement. La Chine poursuit sa montée en puissance, avec une réindustrialisation ambitieuse, même si le souffle de sa progression ralentit. L’Inde trace sa route, poussée par sa population décuplée et une économie numérique en début d’explosion. Le pays dépasse régulièrement les 6 % de croissance du PIB, un rythme qui en ferait pâlir plus d’un.
Moins visible dans les médias, Taiwan impose sa force tranquille grâce à une industrie des semi-conducteurs ultra-performante, pesant sur le jeu économique régional et international.
Le dynamisme asiatique se combine à celui de l’Amérique latine, où le Brésil capitalise sur les matières premières et une certaine stabilité politique. Dans le bloc des BRICS, l’Afrique du Sud et l’Arabie saoudite deviennent à leur tour des centres de gravité incontournables.
Voici les profils qui attirent particulièrement l’attention des investisseurs :
- Chine : tissu industriel varié, montée en puissance technologique
- Inde : croissance démographique vigoureuse, accélération de la digitalisation
- Taiwan : avance technologique, gouvernance solide
- Brésil : puissance agricole et minière, cap sur les réformes économiques
Les investisseurs expérimentés privilégient des marchés suffisamment profonds, dotés d’infrastructures financières robustes et de stratégies de gestion du risque affinées. L’avenir de ces économies dépend de leur capacité à persévérer sur la voie de la croissance tout en déjouant les risques politiques propres à chaque région.
Zoom sur les opportunités concrètes : secteurs porteurs et dynamiques régionales
Il est évident que la technologie occupe désormais tout le devant de la scène dans les marchés émergents. À Shenzhen, des entreprises locales rivalisent déjà avec les plus grandes valeurs du Nasdaq, preuve que la compétition n’a plus vraiment de frontières. De son côté, l’Inde s’impose comme épicentre mondial de l’innovation numérique.
La diversification sectorielle s’étend bien au-delà de la tech. L’énergie, les infrastructures et la consommation interne deviennent des leviers majeurs du développement. Au Brésil, l’attrait pour les ressources agricoles et minières reste intact, tandis que l’Afrique du Sud, malgré une volatilité palpable, s’accroche à ses atouts dans l’extraction de métaux stratégiques, incontournables pour la transition énergétique mondiale.
Les institutions financières mondiales examinent attentivement comment les banques centrales de ces pays ajustent leurs taux d’intérêt pour maîtriser l’inflation et soutenir la confiance dans la monnaie locale. Ces ajustements, souvent bien plus agiles qu’aux États-Unis ou en Europe, impactent directement la performance boursière régionale.
Parmi les secteurs particulièrement suivis, on distingue :
- La technologie, où l’innovation avance à marche forcée et où la valorisation des entreprises reste relativement décote
- L’énergie et les matières premières, soutenues par une demande globale persistante
- La consommation, tirée par l’émergence rapide d’une classe moyenne et la transformation des habitudes d’achat
Les performances concrètes des actions cotées dans ces économies montrent la diversité des opportunités, tout en rappelant qu’une analyse pointue des particularités locales et sectorielles s’impose à chaque mouvement.
Les ETF, un levier accessible pour diversifier son portefeuille à l’international
Les ETF ancrés sur les marchés émergents ne sont plus réservés aux seuls initiés. Leur adoption s’étend, car ils permettent de diversifier un portefeuille et de profiter de la dynamique des économies émergentes sans s’aventurer dans des stratégies coûteuses. En calquant la performance d’indices comme le MSCI Emerging Markets, ils offrent une exposition directe mais modulable, sans les frais d’une gestion active.
Des acteurs comme Amundi, HSBC, Xtrackers ou Franklin démocratisent ces produits, qui couvrent désormais toutes les régions : Asie, Amérique latine, Afrique. Les frais, le plus souvent inférieurs à 0,30 % par an, mettent l’investissement boursier à la portée d’un public élargi, contrebalançant la volatilité et le risque de change par une grande discipline financière.
Pour celles et ceux qui souhaitent intégrer des critères ISR ou ESG à leur gestion de portefeuille, certains ETF sont labellisés et sélectionnent leurs titres avec une exigence accrue sur la gouvernance, l’environnement et le social. Ce choix permet de lier ambition de rendement et responsabilité, sans perdre en flexibilité d’arbitrage.
Voici les principales caractéristiques de ces produits :
- Accès à plus de 1 300 entreprises via l’indice MSCI Emerging Markets
- Possibilité de filtrer par secteur ou par pays selon ses priorités
- Pondération adaptée pour limiter les effets de la volatilité ou des fluctuations sur les matières premières
Pour qui veut élargir son horizon d’investissement tout en gardant un contrôle strict, ces ETF représentent aujourd’hui une porte d’entrée efficace. S’ils ouvrent la voie à une diversification mondiale, il faut rester conscient des limites : risques géopolitiques, variations de devises et cycles propres à chaque pays.
Quand la frontière entre marché émergent et marché développé s’efface, les cartes de la finance sont rebattues. La prochaine décennie s’annonce fertile en surprises et en bouleversements. Qui sera prêt à oser le saut vers ces nouveaux horizons ?
