99,5 milliards de dollars. Ce chiffre, brut, froid, sans fioritures, impose le respect : c’est le montant de la fortune de la femme la plus riche du monde en 2024. Et derrière ce record se cache bien plus qu’une simple addition de zéros. Car la domination féminine au sommet du classement mondial n’a rien d’un hasard, ni d’une simple question de filiation. Les dynamiques évoluent, les fortunes gonflent, mais le fossé avec les grandes fortunes masculines persiste. Pourtant, chaque année, de nouveaux visages s’imposent, bousculant les hiérarchies établies.
Derrière ces chiffres mirobolants, il y a une réalité faite de stratégies de transmission complexes, de choix familiaux pesés au trébuchet et de lois patrimoniales qui changent la donne. Les héritières devancent, cette année encore, les entrepreneures, inversant les tendances observées il y a peu. Le visage du capitalisme féminin se redessine sous nos yeux.
Le classement Forbes 2024 : quelles femmes dominent la scène mondiale des milliardaires ?
Le classement Forbes 2024 ne réserve pas de surprise en tête du palmarès : Françoise Bettencourt Meyers règne sans partage sur la liste des femmes les plus riches. Sa fortune estimée à 99,5 milliards de dollars, fruit de l’héritage L’Oréal, la place loin devant ses concurrentes. Le secteur cosmétique français continue d’alimenter cette position, qui se voit confirmée par le Bloomberg Billionaires Index.
Loin derrière, Alice Walton, héritière de Walmart, affiche une fortune évaluée à 66 milliards de dollars. La puissance de la grande distribution américaine se mesure à travers cette place, reflet d’une concentration de richesses familiale. Sur la troisième marche, Julia Koch se distingue grâce à près de 60 milliards de dollars, portés par la solidité de Koch Industries, ancrée dans la chimie et l’énergie.
Pour y voir plus clair, voici les trois premières fortunes féminines du monde en 2024 :
- Françoise Bettencourt Meyers : 99,5 milliards de dollars (L’Oréal)
- Alice Walton : 66 milliards de dollars (Walmart)
- Julia Koch : 59,7 milliards de dollars (Koch Industries)
Ce cercle restreint de milliardaires au féminin reste le domaine des héritières. Les self-made women, quant à elles, rencontrent encore la barrière des 10 milliards de dollars de patrimoine personnel. Le panorama 2024, mis en lumière par le classement Forbes, souligne la force persistante des grandes familles et la progression lente, mais réelle, de nouveaux profils. Les écarts, bien que réduits dans certains secteurs, restent flagrants à ces hauteurs stratosphériques.
Portraits et parcours : comprendre les trajectoires des héritières et des self-made women
À la tête de L’Oréal, Françoise Bettencourt Meyers incarne la continuité d’une dynastie familiale. Son histoire n’est pas qu’une question d’héritage ; elle s’appuie aussi sur une gestion prudente, une diversification des investissements et une influence discrète, patiemment construite loin des projecteurs. Ce choix de l’ombre contraste avec la visibilité d’une Alice Walton, dont la fortune provient d’une distribution américaine mondialisée qui façonne la vie de millions de foyers.
Face à ces héritières, le parcours d’une self-made woman reste l’exception. Rares sont celles qui parviennent à rivaliser. Pourtant, certaines entrepreneuses issues de la tech, du divertissement ou de la beauté, comme Kim Kardashian (Skims), Kylie Jenner (Kylie Cosmetics) ou Selena Gomez (Rare Beauty), affichent des progressions spectaculaires, propulsées par la puissance des réseaux sociaux et des marques personnelles. Mais le seuil des dizaines de milliards de dollars demeure hors de portée.
Voici comment se répartissent les profils dominants dans ce palmarès :
- Les héritières (L’Oréal, Walmart, Mars Inc., Koch Industries) gardent les premières places, leurs fortunes s’étant consolidées sur plusieurs générations.
- Les self-made women montent en puissance, surtout dans la tech, la mode ou les médias, mais l’écart avec les grandes familles reste massif.
Cette diversité de parcours révèle encore la mainmise des grandes lignées industrielles et commerciales sur le pouvoir économique féminin. Certes, les success stories individuelles font la une, mais leur impact pèse encore peu face à la force de la transmission familiale. L’essentiel du capital féminin mondial reste sous la coupe de ces dynasties.
Pourquoi les écarts de fortune persistent-ils entre femmes et hommes milliardaires ?
Les chiffres du classement Forbes parlent d’eux-mêmes. Françoise Bettencourt Meyers, numéro un côté femmes, flirte avec les 100 milliards de dollars, mais reste loin derrière les mastodontes masculins. Bernard Arnault, Elon Musk ou Jeff Bezos franchissent régulièrement la barre des 200 milliards. D’une année sur l’autre, l’écart reste solide, indifférent aux secousses boursières.
Ce déséquilibre s’explique en grande partie par la structure du capital et la manière dont les fortunes se transmettent. Les plus grandes fortunes féminines se concentrent chez les héritières : ici, l’histoire familiale décide du destin financier. À l’inverse, chez les milliardaires masculins, le top 10 est dominé par des self-made men issus de la tech, de la finance ou de l’industrie, des secteurs où la prise de risque et l’accès massif au financement accélèrent la création de richesses hors normes.
Pour mieux saisir ces écarts, voici les principaux facteurs en jeu :
- La composition des portefeuilles diverge : les femmes détiennent souvent des groupes familiaux, moins soumis aux soubresauts de la bourse que les géants de la tech.
- La sous-représentation des femmes à la tête des grands groupes ou à la création de start-up freine leur accès aux plus hauts niveaux de capitalisation.
- Le maintien des traditions familiales et la rareté des transmissions au féminin renforcent ce déséquilibre.
Prenons l’exemple français : la fortune de Bettencourt Meyers s’ancre dans une industrie européenne ancienne, alors qu’aux États-Unis, l’ascension fulgurante de Musk et Bezos repose sur la croissance exponentielle de la technologie et de l’innovation.
Les tendances qui redessinent le palmarès féminin : évolutions, surprises et perspectives pour 2025
Le palmarès des femmes milliardaires évolue au rythme des bouleversements économiques et des parcours individuels hors norme. Les héritières historiques, à l’image de Françoise Bettencourt Meyers ou Alice Walton, conservent leur avance, grâce à la solidité de leurs groupes familiaux. Mais la donne change peu à peu.
Les self-made women marquent des points. Oprah Winfrey, pionnière, sert de modèle à une nouvelle génération d’entrepreneuses. Kim Kardashian (Skims), Kylie Jenner (Kylie Cosmetics), Rihanna (Fenty Beauty) ou Taylor Swift cassent les codes, portées par la diversification de leurs activités et leur maîtrise redoutable des réseaux sociaux. Certaines dépassent désormais le milliard de dollars. Cette montée en puissance bouscule la composition du classement et promet de nouvelles surprises.
Quelques tendances se dessinent nettement :
- Le seuil d’entrée dans le club des femmes plus riches grimpe sans cesse : franchir le milliard devient la norme.
- La proportion de self-made women dans le classement Forbes 2025 s’accroît, signe d’un changement en profondeur.
- Des profils venus d’Asie et du Moyen-Orient s’imposent, preuve d’une mondialisation accélérée des fortunes féminines.
Désormais, la fortune en milliards se compose d’actifs d’une grande diversité : industrie, cosmétique, médias, nouvelles technologies. 2025 s’annonce déjà imprévisible, avec des femmes d’affaires prêtes à repousser les frontières de l’accumulation patrimoniale et à s’inventer de nouvelles voies d’accès au sommet.
À l’horizon, une autre génération s’avance. Les destins se construisent, les fortunes se déplacent, et le classement mondial des femmes les plus riches promet de nouveaux visages et de nouveaux récits. Qui osera s’imposer demain ?